[Vieillerie recommandée] « Le bar des habitudes », de Franz Bartelt
La première et la dernière nouvelle de ce recueil de 16 sont absolument excellentes, de celles dont on se souviendra toujours à cause de leur postulat. Et puis, allez, en fait… les 14 autres aussi sont remarquables. Humour noir, quasi fantastique, polar, un peu de poésie… 16 histoires de types (en majorité) vivant dans une région morne ; des mecs un peu bizarres (à la Siniac de « Bazar Bizarre ») aux vies étriquées, aux obsessions, marottes ou nanti d’une légère différence par rapport à la moyenne dont ils sont, et à qui il arrive soudain un truc infernal ou labyrinthique, ou même tout bête, mais le truc qui fait gravement dérailler l’ordre des choses et de leur existence.
Une très bonne palette d’un brio, d’une originalité et précision de plume qu’on ne lit que trop rarement, et qui a indéniablement mérité son Goncourt de la nouvelle 2006.
Présentation de l’éditeur : » Guy Vouine était mou de naissance. Il avait coulé de sa mère, comme d’un pot de confiture renversé. L’accouchement n’avait requis aucun effort, aucune poussée. L’enfant faisait un petit tas sur les linges et le cri qu’il exhala pour manifester qu’il était vivant montait de lui avec la légèreté d’une vapeur. La sage-femme, qui en avait vu de toute qu’elle n’en avait encore jamais sorte, se dit seulement vu de si mou. Plus tard, il s’avéra que l’enfant physiquement mou était également mou à l’intérieur… «
Au fil de ces seize brefs récits, Frantz Bartelt raconte des destinées exemplaires, dans un registre tour à tour goguenard et tendre, loufoque et cruel.