J’ai testé Inclusi, un service IA qui transforme tout texte en écriture inclusive… avec du Proust

J’ai testé Inclusi, un service IA qui transforme tout texte en écriture inclusive, selon la méthode de votre choix :

Mais plutôt que de transformer des éléments de langage, textes publicitaires, de communication, administratifs, de journalisme, de post LinkedIn ou que sais-je, je me suis demandé, afin de démonstration par l’absurde ce que donnerait une littérature inclusive. J’ai essayé avec La recherche du temps perdu de Proust, le quatrième paragraphe de Du Côté de Chez Swann (Première partie, Combray. Le tout début, quoi.)

« Le reste des humains m’apparaissait comme bien lointain auprès de cette femme que j’avais quittée il y avait quelques moments à peine ; ma joue était chaude encore de son baiser, mon corps courbaturé par le poids de sa taille. Si, comme il arrivait quelquefois, elle avait les traits d’une femme que j’avais connue dans la vie, j’allais me donner tout entier à ce but : la retrouver, comme ceux qui partent en voyage pour voir de leurs yeux une cité désirée et s’imaginent qu’on peut goûter dans une réalité le charme du songe. Peu à peu son souvenir s’évanouissait, j’avais oublié la fille de mon rêve. »

En point médian :
« Le reste des humain·es m’apparaissait comme bien lointain auprès de ce·tte homme/femme que j’avais quitté·e il y avait quelques moments à peine; ma joue était chaude encore de son baiser, mon corps courbaturé par le poids de sa taille. Si, comme il arrivait quelquefois, il·elle avait les traits d’un·e homme/femme que j’avais connu·e dans la vie, j’allais me donner tout·e entier·ère à ce but: la·e retrouver, comme celles·eux qui partent en voyage pour voir de leurs yeux une cité désirée et s’imaginent qu’on peut goûter dans une réalité le charme du songe. Peu à peu son souvenir s’évanouissait, j’avais oublié la·e garçon·ne de mon rêve.

Avec doublet :
« Le reste des humains/humaines m’apparaissait comme bien lointain auprès de ce/cette homme/femme que j’avais quitté/quittée il y avait quelques moments à peine; ma joue était chaude encore de son baiser, mon corps courbaturé par le poids de sa taille. Si, comme il arrivait quelquefois, il/elle avait les traits d’un/une homme/femme que j’avais connu/connue dans la vie, j’allais me donner tout/toute entier/entière à ce but: le/la retrouver, comme ceux/celles qui partent en voyage pour voir de leurs yeux une cité désirée et s’imaginent qu’on peut goûter dans une réalité le charme du songe. Peu à peu son souvenir s’évanouissait, j’avais oublié le/la garçon/fille de mon rêve.

Avec des termes épicènes :
« Le reste des humains/humaines m’apparaissait comme bien lointain auprès de ce/cette personne que j’avais quitté/quittée il y avait quelques moments à peine; ma joue était chaude encore de son baiser, mon corps courbaturé par le poids de sa taille. Si, comme il arrivait quelquefois, iel avait les traits d’une personne que j’avais connue dans la vie, j’allais me donner tout/toute entier/entière à ce but: lea retrouver, comme celleux qui partent en voyage pour voir de leurs yeux une cité désirée et s’imaginent qu’on peut goûter dans une réalité le charme du songe. Peu à peu son souvenir s’évanouissait, j’avais oublié la personne de mon rêve.

Par la méthode combinée :
« Le reste des humains/humaines m’apparaissait comme bien lointain auprès de cet/cette homme/femme que j’avais quitté/quittée il y avait quelques moments à peine; ma joue était chaude encore de son baiser, mon corps courbaturé par le poids de sa taille. Si, comme il arrivait quelquefois, iel avait les traits d’un/une homme/femme que j’avais connu/connue dans la vie, j’allais me donner tout/toute entier/entière à ce but: lea retrouver, comme celleux qui partent en voyage pour voir de leurs yeux une cité désirée et s’imaginent qu’on peut goûter dans une réalité le charme du songe. Peu à peu son souvenir s’évanouissait, j’avais oublié la personne de mon rêve.


(Les maux de tête sont normaux ; pas d’inquiétude).

À noter que j’ai dû inspecter et corriger parfois, à la marge, le résultat — car Inclusi commet ça et là des erreurs en appliquant la logique qui prévaut chaque fois à la méthode retenue (pour éviter d’avoir par exemple le/la personne). On voit que la musique proustienne perd un peu en élégance et harmonie. Cela rajoute un certain bruit de fond. C’est proche de l’écrêtement que le mp3 fait subir à la musique. Toutefois, cela signifierait-il que l’écriture inclusive ne serait destinée qu’à des textes non littéraires ? Peut-être. Mais pourquoi les textes littéraires resteraient-ils patriarco-phallocrato-centrés ? Devraient-ils se contenter du pluriel de proximité ? Serait-ce suffisant ?

Je vous laisser penser ce que vous en pensez ; qui est peut-être ce que j’en pense moi-même.

Pour savoir tout sur la pratique de l’écriture inclusive, allez voir par exemple sur > Relire et corriger.