[Reco textes, docu, film] « Grey Gardens », film documentaire culte de 1975

Je sais d’ores et déjà que le sujet de cet article ne va intéresser strictement personne, en tout cas certainement pas autant que moi (et en plus il y a beaucoup à lire et à visionner…) mais comme ce site est devenu à la fois mon magazine, une sorte de journal de ce qui m’intéresse au quotidien, un lieu de défoulement graphomaniaque et d’archivage personnel en cours… voici un truc  qui m’a récemment passionné.

Il se passe que j’ai un tropisme pour les destinées bizarres, que ce soit l’histoire de la maison Winchester, de la vie de Paul Deschanel, de celle de Florence Foster Jenkins, de la correspondance amoureuse de Paul Boyton, l’homme amphibie (*) et de bien d’autres, dès lors que j’y sens un vertige littéraire et métaphysique, une possibilité de Grand Récit qui de manière fractale communique une sorte de vertige du tout qui est dans tout et aussi dans le Grand Tout (je me comprends). Aussi lorsque très récemment j’ai lu dans une newsletter québécoise à laquelle je suis abonné un excellent texte, « Les jardins gris du présent«  (à lire !), qui tisse une métaphore pertinente sur notre civilisation occidentale qui serait devenue comparable aux dames aristocrates américaines déchues du documentaire culte Greys Garden (Wikipédia), j’ai voulu en savoir plus. Qu’est donc ce film considéré comme un des meilleurs documentaires de tous les temps ?

Je suis d’abord tombé sur cet article de Vanity Fair : La vraie histoire de Grey Gardens, maison hantée par deux hurluberlues mondaines (à lire aussi !) qui résume bien l’histoire de ces aristocrates à moitié folles et de leur vie entraperçue dans le fameux documentaire de « cinéma du réel » qui sans doute a influencé la création des émissions TV « Moi Je » ou « Strip tease » trente ou quarante ans plus tard — pour celles et ceux qui savent ce que c’est —, et depuis certainement des milliers d’autres films aussi scotchants.
Enfin, j’ai regardé le film. Heureusement, en 2014 quelqu’un l’a mis sur Youtube en VO sous titrée. Il est, de fait, fascinant.

« Grey Gardens » film documentaire réalisé par David Maysles et Albert Maysles en 1975 (vostfr)
L’étonnante histoire et pourtant véridique de Mme Edith Bouvier Beale et de sa fille aînée Edith, tante et cousine de Jacqueline Kennedy Onassis. Mère et fille ont vécu longtemps isolées du monde, dans une vaste propriété en ruine d’East Hampton (État de New-York) baptisée Grey Gardens. « Big Edie et Little Edie » vivent dans le dénuement le plus complet, mais aussi dans la plus totale liberté au milieu des chats, des ratons laveurs et des immondices qui encombrent les 28 pièces de l’imposante demeure, résidence secondaire achetée par Edith Bouvier et son mari Phelan Beale au temps de leur splendeur.
Déshéritée par son père et séparée de son mari, Edith Bouvier a dû s’installer définitivement à Grey Gardens où elle a été rapidement rejointe par sa fille, qui n’a pas réussi à percer à Broadway, ni à trouver l’époux idéal. Pas du tout intimidées par la caméra, les deux femmes bavardent et se chamaillent, prenant pour témoins de leurs excentricités David et Albert, qui au fil des semaines de tournage se sont fondus dans le paysage. Sortant très peu de sa chambre, « Big Eddie » laisse sa fille occuper le devant de la scène et montrer l’étendue de ses talents de danseuse et d’actrice, femme fatale paradant tantôt en maillot de bain, tantôt dans le somptueux manteau de fourrure qu’elle porte sur l’affiche du film.

Un film (de fiction)  en a été produit par HBO en 2009 s’inspirant du documentaire de Maysles sorti en 1973, le scénario original de Grey Gardens, écrit et réalisé par Michael Sucsy, offre un regard ironique sur les coulisses de la vie des Beales et leur relation mère-fille unique. Avec Drew Barrymore dans le rôle de « Little Edie » et Jessica Lange dans celui de « Big Edie » :


(*) pour ces deux derniers dans les années 2000 j’ai essayé en vain de vendre à des maisons de production sur chacun un projet de film. On ne m’écouta pas, mais pourtant 15 ans plus tard par exemple, une pièce de théâtre puis un film sur Florence Foster Jenkins cartonnèrent ; quant à Boyton dont la correspondance amoureuse découverte par hasard me fascina, pareil, on me déclina poliment le projet, et pourtant… Mais passons.