
Et si on lançait « L’Incipitre », le prix des pires premières phrases de roman de l’année ?
C’était par une nuit sombre et orageuse… cette phrase de nombreuses fois parodiée ou utilisée est à l’origine du Bulwer-Lytton Contest… Et si on organisait ici L’Incipitre, le prix de la pire première phrase, ou le pire premier paragraphe, de roman français publié ? (Vue la surproduction actuelle, cela risque, certes, d’être du boulot… mais je pense que les candidat-es ne manqueraient pas).
Il est dommage que le Bulwer-Lytton Fiction Contest (prix strictement américain et qui était un concours de premières phrases façon « sombres et orageuses » non éditées) n’existe plus depuis 2024… car l’idée est si drôle (on peut consulter les archives (en anglais) du Bulwer-Lytton Contest) qu’on pourrait certainement l’appliquer en effet chez nous… mais sur des romans publiés (jadis existait d’ailleurs le prix de la pire scène de sexe publiée, qui nous manque beaucoup.)
Comment faire ? : 1 – Vous repérez la première pire phrase, ou le puire premier paragraphe, de roman publié dans l’année 2- Vous m’envoyez une photo de la page et les références du livre. 3- Si j’en reçois assez, on établira un jury et on décernera le prix de L’Incipitre. Faites tourner !
J’en tiens un pour la catégorie « Nuit sombre et orageuse » (« La nuit ravagée », de Jean-Baptiste Del Amo – Gallimard – mars 2025) :
(Traduction ci-dessous par Deepl de la page « À propos » du site officiel du Bulwer-Lytton Fiction Contest)
Fondé en 1982 à l’université d’État de San Jose en Californie, le Bulwer-Lytton Fiction Contest mettait les participants au défi de composer des phrases d’ouverture pour le pire des romans possibles.
Le BLFC est le fruit de l’imagination malencontreuse du professeur Scott Rice. Condamné à rédiger un travail de séminaire sur un romancier victorien mineur, il choisit l’homme au drôle de nom à trait d’union, Edward George Bulwer-Lytton. Plus connu pour Les derniers jours de Pompéi, son roman Paul Clifford commence par la célèbre ouverture qui a été plagiée à maintes reprises par le beagle du dessin animé, Snoopy.
« C’était une nuit sombre et orageuse ; la pluie tombait à torrents, sauf à de rares intervalles, où elle était arrêtée par une violente rafale de vent qui balayait les rues (car c’est à Londres que se déroule notre scène), faisant vibrer les toits et agitant violemment la faible flamme des lampes qui luttaient contre l’obscurité. »
[“It was a dark and stormy night; the rain fell in torrents—except at occasional intervals, when it was checked by a violent gust of wind which swept up the streets (for it is in London that our scene lies), rattling along the housetops, and fiercely agitating the scanty flame of the lamps that struggled against the darkness. »]
Plus tard, Rice devait découvrir que la phrase existait depuis des années avant que Lytton ne décide de s’en amuser, mais que le mal était fait. Le BLFC avait calomnié la mémoire de Lytton et rendu son nom synonyme de mauvaise écriture, un auteur plus lu en son temps que Charles Dickens.
Au fil des ans, le BLFC a été couvert par toutes les grandes chaînes de télévision américaines et, pendant des décennies, les lauréats ont été annoncés par les médias nationaux et internationaux.
Après avoir pris sa retraite en 2014, le concours a continué à être un travail d’amour pour le Dr Rice et sa fille EJ pendant encore dix ans avant de raccrocher le chapeau pour de bon. (« J’ai un an et demi de plus que Joe Biden, alors je pense que j’ai mérité une retraite digne ». OK boomer).