[Reco films] « Diamant brut », de Agathe Riedinger (2024)

« Diamant brut », est un film qui immerge brusquement dans l’univers d’une jeune femme que les Marseillais appelleraient sans doute avec mépris et sexisme une « cagole ». On est frappé, effaré par l’irruption soudaine du kitsch, par le « mauvais goût » qui règne dans ce milieu social désespérant, laid, pauvre à tout point de vue, et hostile. On est plongé dans un tourbillon mental et une détresse sociétale rendue crûment et sans pathos en éprouvant un véritable malaise car on pressent que, oui, ça existe, et que c’est sans doute exactement « comme ça », avant de s’attacher au personnage et d’éprouver à son encontre une réelle empathie navrée et consternée.
L’actrice d’une énergie rare, et d’un talent plus que certain, Malou Khebiz, est proprement bouleversante dans son incarnation de Liane, jeune femme plus que paumée et fragile attirée par les pires paillettes de l’époque. Autre ressenti : celui que la qualité son interprétation est mue par quelque chose de profond en elle, et de vécu (On lui souhaitera toutefois que ce rôle qui lui colle tant à la peau ne l’enferme pas pour l’avenir). La fin (a priori plutôt favorable pour le personnage de Liane) laisse une légère impression de flottement et d’inachevé… mais peut-être ce trouble est-il dû au fait qu’on l’a trop aimée dans son état lamentable, peut-être parce que honteusement on n’aimerait pas qu’elle réussisse. Peut-être que ça dit quelque chose de moralement, de « classiste », pas très joli — et qu’on ignorait en nous. En somme, dérangeant, mais beau et remarquable. À voir absolument.

Synopsis : Liane, 19 ans, téméraire et incandescente, vit avec sa mère et sa petite sœur sous le soleil poussiéreux de Fréjus. Obsédée par la beauté et le besoin de devenir quelqu’un, elle voit en la télé-réalité la possibilité d’être aimée. Le destin semble enfin lui sourire lorsqu’elle passe un casting pour « Miracle Island ».