« En fanfare », d’Emmanuel Courcol, le type même du film bouse démago

Hier soir, j’ai regardé En Fanfare sur Canal+… Et comme le lendemain, ce film racoleur ne passe toujours pas, je vais me défouler ici.

D’après Wikipédia « En fanfare est un film français réalisé par Emmanuel Courcol et sorti en 2024. Il est présenté en avant-première au Festival de Cannes 2024. Le film reçoit un bon accueil de la part de la critique et de la profession (7 nominations aux César 2025) et connaît le succès en salles avec plus de 2,5 millions d’entrées en France et plus de 400 000 entrées en Allemagne ».

Je ne sais même pas comment il est possible qu’un tel film aussi pathos…
– qui utilise des combines les plus éculées et réutilisées, re-déclinées, re-combinées jusqu’à la nausée ces vingt-trente dernières années au moins. À savoir le multiple mélange abondant et déversé à la bétonneuse : la maladie irrémédiable, le secret de famille, les gamins séparés à la naissance qui auraient pu être même intervertis de peu, l’usine occupée et les camarades solidaires, les chômeurs qui font de la musique (heureusement ils ne se foutent pas à poil comme dans The Full Monty… de 1997 quand même) pour s’en sortir, les Ch’ti forcément cassos, simplets mais si bons, les gens-frustres-mais-qui-se-retrouvent-dans-la-musique, le neuro-divergent-autiste ou trisomique de service, les classes sociales qui nous divisent, mais qu’on transcende (un tout petit peu car chacun restera dans sa case…),
– qui use de multiples hasards et de coïncidences que s’en est consternant (le plus gros : séparés à la naissance les deux frères partagent la même passion et le même tropisme pour la musique — mais chacun la pratiquera selon sa classe sociale, mais des hasards de scénaristes, il y en a d’autres…),
– qui utilise les schémas narratifs les plus normatifs. Avec une fiche on pourrait cocher les attendus d’un scénario d’école de cinéma de l’acte 1 à l’acte 3 (avec le climax vu des millions de fois : « concert / scène en public ») au point qu’on peut deviner le long du récit chaque événement suivant chaque fois sans se tromper,
… puisse avoir du succès, puisse être considéré comme un bon film, fasse pleurer dans les chaumières.
C’est juste consternant.

Ah, oui… il y a un peu de rires, il y a un peu de larmes. Les deux acteurs principaux sont plutôt bons : il ne manquerait plus que ça !  Heureusement que ceux-ci apportent un peu de sensibilité et d’émotion dans un film né d’une patente insincérité. Autant le postulat était intéressant (le besoin d’une greffe de moelle fait découvrir une adoption cachée), que tôt ça se barre en un gruau de narration racoleuse, un hold up à la compassion.
Franchement :
– combien de temps allez-vous continuer de plébisciter cet imaginaire industriel et cynique qui remâche les combines qui marchent depuis 30 ans ? À ce point, c’est qu’on nous prend vraiment pour des bestiaux à alimenter de granulés de pathos et de bonne conscience sociale artificielle pour nous dissuader de réfléchir : cette bouse, c’est du lexomil.
– combien de temps allez-vous accepter une telle pauvreté, une telle paresse de structure. Vous ne voyez donc pas les coutures en fil blanc qu’on vous sert mécaniquement  ?
– combien de temps allez-vous vous satisfaire de cet imaginaire délavé faussement concerné et fallacieusement dénonciateur, bref, démagogique ?

Nous, à qui prétend s’adresser ce film, méritons vraiment mieux que ça. Exigeons mieux en ignorant et en faisant ignorer ce type de film conçu pour nous soutirer une empathie… qui rapporte. Parce que je ne peux pas croire que la bouillie mixée sous blister qui compose En Fanfare n’ai pas été sciemment préméditée. Soit les auteurs sont incultes et ignorent ce qui s’est fait en la matière avec les ingrédients gagnants depuis 30 ans (cela m’étonnerait…), soit ils nous prennent froidement pour de la chair à ticket.