[Reco média] « Haroun : l’humoriste intello ? », un documentaire de Corentin Eveno

J’ai découvert tardivement l’an dernier l’humoriste Haroun en écoutant son entretien en différé sur Thinkerview (« Haroun : l’humour comme miroir de la société ? » — voir vidéo plus bas). Attiré par cet artiste qui ne cesse de parler de philosophie et semble exigeant, alors que les humoristes à 99% m’emmerdent et que le stand up avec ses vannes calibrées, son nombrilisme et son humour ras-les-pâquerettes sur des sujets dérisoires me fait fuir, j’ai commencé à regarder les sketches et spectacles qu’il publie sur Youtube. De fait, c’est désormais mon humoriste préféré. Je l’ai au début pris pour une version masculine de Blanche Gardin au départ, mais le bougre va bien plus loin.
Si vous avez le temps de regarder cette heure et demie d’entretien (plutôt hagiographique, l’animateur est visiblement un fan) au dispositif original empruntant à celui innovant du documentaire La Cravate de  Mathias Théry et Étienne Chaillou, vous constaterez qu’Haroun en a sous la pédale (évidemment, c’est mieux si on connaît déjà quelques sketches ou spectacles).
Pour ma part, c’est un bonheur que d’entendre ce qu’il explique — on se sent intellectuellement moins seul. Tout ce qu’il dit notamment dans la partie 2, sur les rôle et usages de l’humour, sur le choix des sujets à traiter par le rire, sur l’exigence intellectuelle et culturelle, sur ce qu’on doit à l’intelligence du public sans être élitiste ni enfermé dans une bulle d’entre-soi, sur l’écriture, la différence entre se dire artiste et artisan, sont des propos que j’aurais intégralement pu prononcer concernant mon propre job littéraire, et que je laboure avec le succès intergalactique que l’on sait, par exemple > là, > là > et là.
Cela fait des décennies que je ressasse ces arguments dans ma partie. Si un humoriste tel qu’Haroun pouvait enfin faire bouger les lignes sur l’humour dans de pays, les médias, le public intello ou pas… Mais ne rêvons pas. Quand on pense que les romans de Fabcaro (qui sont une forme de texte de stand up du plus banal) ou de Legardinier (lui, c’est vraiment mauvais ; Fabcaro lui est gentil, sincère et a un certain talent) font office de références ultimes, on se pince…

L’entretien sur Thinkerview :