
Je viens d’adhérer à Survival International, voici pourquoi (et pourquoi vous devriez faire de même)

Je viens d’adhérer à Survival International, ONG indépendante qui œuvre dans la défense des groupes dits non contactés (c-à-d : qui refusent de « nous rejoindre »).
Cela fait quelques années que cela me tentait et que je suivais leur travail. Cette envie n’est pas née par hasard : l’écriture de mon roman Au lourd délire des lianes farce burlesque anthropo-mythologico-écologique sur des peuples imaginaires de Guyane m’a mené durant 8 ans à lire une importante quantité d’ouvrages, de sites web, de revues (d’explorateurs, d’historiens, d’anthropologues, d’ethnologues, de sociologues, de linguistes, de journalistes, d’autochtones…) et à visionner des dizaines de documentaires. Ce fut une révélation. Ces recherches me firent comprendre que sur ce sujet, on ne devait pas ricaner (ou alors autrement, soit un rire de dénonciation. C’est-à-dire plutôt rire de nous, ou alors de nous et d’eux sur un pied d’égalité — mais certainement pas sur le registre du primitif ou du bon sauvage [ce fut finalement le défi inattendu de mon projet littéraire]). Je suis aussi allé voir plusieurs expositions portées sur des cultures amérindiennes (> par exemple, entre autres), et surtout j’ai lu l’ouvrage incontournable et bouleversant du chaman Yanomami Davi Kopenawa et de l’ethnologue Bruce Albert, La Chute du ciel.
Il existe des millions d’autres causes urgentes et vitales (mais défendre celle-ci n’obère pas d’agir pour d’autres), toutefois celle-ci me paraît être intellectuellement et philosophiquement fondamentale, car, c’est le cas de le dire d’un point de vue nature/culture, elle est à la source,  à la racine de tous nos maux…
Je fus ainsi depuis des décennies (et en fait suis toujours) fasciné par le propos du luddisme et du néo-luddisme (tout est lié) et intéressé par tout ce qui remet en cause notre système global capitaliste, industriel, productiviste, consumériste, marchand… : d’autres points de vue, cultures, modes de vie, sociétés, d’autres mondes, d’autres réalités, sont à entendre, à comprendre, à défendre, à protéger. Le fait que des peuples non contactés (ils seraient 196 à ce jour – lire le rapport de Survival International qui vient de sortir et est passionnant soit sur leur site dédié, soit résumé en PDF en français ici > Rapport Survival International) ne désirent pas disparaître, absorbés, anéantis par notre système mortifère me paraît être une liberté primordiale, humaine, à respecter absolument.
Qu’on leur foute la paix, qu’on les laisse vivre (leur espérance de vie moyenne est de 72 ans, le saviez-vous ? Et sans sécu !) en relation avec la nature qu’en outre ils protègent, eux ; qu’on respecte avec leur culture, qu’on n’accapare par leurs terres… c’est revendiquer radicalement leur droit de vivre autre chose que ce qu’on a à leur proposer, et qui est, pour le moins, guère porteur d’avenir : ni pour eux par nos crimes à leur encontre, ni pour nous partis dans notre fuite en avant suicidaire. Songeons qu’il nous arrive sans doute prochainement la crevaison d’une bulle économique IA gigantesque qui va nous mener à une crise historique d’une ampleur inédite sur fond de tsunami d’extrême droite mondiale, et donc, forcément, de guerres hallucinantes sur une planète que nous détruisons déjà avec application et sans espoir de retour… Oui, c’est tout ce qu’on a à leur offrir.
Il faut qu’on cesse de les spolier, les exploiter, les exterminer avec nos maladies, nos fléaux, notre culture mortifère, notre cupidité prédatrice. On aurait même à l’heure actuelle absolument besoin d’eux et de ce qu’ils auraient à nous apprendre — beaucoup de peuples autochtones désespérés nous le ressassent et nous l’expliquent lors des diverses COP, mais ne sont guère entendus. Alors défendre les peuples non contactés — derniers membres d’une alternative radicale, défendre leur existence, leurs droits et liberté, c’est par principe philosophiquement premier nous défendre toutes et tous — et la Terre aussi.
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