[Reco films] « Je suis toujours là », de Walter Salles (2024)

Dans la série « la brigade du rire », j’ai hésité à regarder Je suis toujours là, de Walter Salles, sorti en 2024 (surtout après ma lecture de Devenir fasciste, ma thérapie de conversion, de Mark Fortier) qui narre la disparition de l’ancien député fédéral du Parti travailliste brésilien Rubens Paiva, arrêté et assassiné par les militaires pendant la dictature et dont on n’a jamais retrouvé le corps. Du violent et du déprimant, on s’en prend assez et ce type de films, sur (hélas) ce genre de sujets, on en manque pas (hélas bis). Les bonnes surprises de ce film, au final, est le traitement scénaristique : tout est du point de vue de la famille (avec une longue exposition, 1er acte, sur les années de bonheur avant le basculement causé par les arrestations, 2e acte), jusqu’à plus de 30 ans plus tard (3e acte) : comment on fait avec ce drame, cette absurdité, la violence de la dictature dans un monde qui continue de vivre avec, comment vivre tout simplement malgré tout.
Images façon Super 8, quelques images d’archives et surtout la prestation impressionnante de l’actrice Luiza Kosovski extrêmement forte et digne, muette dans sa douleur (et des autres, aussi) ; le tout sans racolage de violence dans la caserne militaire. À noter qu’au générique final les photographies de la véritable famille sont exposées et on peut constater le stupéfiant casting, tant les acteurs et actrices principaux ressemblent aux victimes réelles
Le sujet est de fait seule l’absence lié à la disparition, le silence à jamais, le deuil impossible. Du très beau cinéma bien déprimant, mais juste, presque clinique parfois dans le jeu. Leçon de cinéma : pas besoin d’en faire des tonnes dans la démonstration et la dénonciation. Il suffit de mettre de l’humanité avant tout.

Synopsis (Wikipédia) : Le film commence à Rio de Janeiro en janvier 1971. L’ancien député fédéral du Parti travailliste brésilien Rubens Paiva (Selton Mello) est revenu vivre au Brésil quelques mois plus tôt avec son épouse, Eunice Facciolla Paiva (Fernanda Torres), et leurs cinq enfants après son auto-exil en 1964 en raison de l’annulation de son mandat par l’Acte institutionnel n°1. Bien qu’il ait repris ses activités d’ingénieur, Rubens, qui continue à soutenir les exilés sans parler de ses activités politiques avec sa femme et ses enfants, voit sa maison envahie, occupée et fouillée par six hommes (qui prétendent appartenir à l’armée de l’air brésilienne), et est ensuite placé en détention. Un jour plus tard, alors que sa vie personnelle et celle de ses enfants sont scrutées par des membres des forces armées, Eunice est placée en détention avec l’une de ses quatre filles avec Rubens, Eliana (Luiza Kosovski), et sa vie est changée à jamais.

Présenté en compétition à la Mostra de Venise 2024, le film remporte le prix du meilleur scénario. Aux Oscars 2025, il est le premier film brésilien à recevoir l’Oscar du meilleur film international. C’est l’adaptation cinématographique du livre Ainda Estou Aqui de Marcelo Rubens Paiva, paru en 2015, qui revient sur la disparition en 1971 de son père, Rubens Paiva, ancien député du parti travailliste brésilien, durant la dictature militaire.