[Gastro-littérature] Le Sandwich Marguerite Duras — « Triptyque des silences » (Nouvelle recette en 3 « éditions », à l’occasion du spectacle « Musée Duras » de Julien Gosselin)

[Rappel : À la suite de la découverte dans un distributeur de sandwichs portant le nom d’écrivains, j’ai décidé de développer la gastro-littérature (en sandwichs).]

Voici la quinzième recette* (en 3 éditions ») : Le Sandwich Marguerite Duras (*) à l’occasion de « Musée Duras », « une proposition scénique dirigée par Julien Gosselin et inspirée des textes de Marguerite Duras » du 9 au 30 novembre 2025 au Théâtre de l’Odéon-Berthier à Paris 17e. Avant d’aller voir cette « proposition scénique » qui peut durer 10 heures, un petit sandwich « Triptyque des silences » m’a semblé être approprié, sinon nécessaire, sinon vital. Choisissez votre édition (ou avalez les 3)… Bon appétit !

(*) NB : c’est une seconde recette Duras > lire la précédente, peut-être plus avinée

 


Le Sandwich Marguerite Duras (nouvelle recette !) — « Tryptique des silences»

Ce sandwich… Pourquoi c’est elle ?
Parce que le presque rien.
Ce rien qui fait tout.

Parce que l’objet pauvre ouvre l’affect riche.
Parce que l’olive au centre est le point noir.
Dit-elle.
L’olive ?
Le point noir ?
Dit-elle.

Elle, autour de laquelle la phrase tourne et n’ose pas se rejoindre.


Idée

• Un pain blanc sans croûte, presque neutre, pour laisser advenir le reste. À l’intérieur, trois touches nettes, séparées mais communicantes :

>Indochine (L’Amant) : lait de coco, citron vert, chaleur moite.

> Atlantique (La Douleur, la maison, la Résistance, la faim claire) : sardine, sel, oignon cru, vérité.

> Nuit (Les yeux bleus cheveux noirs, Moderato Cantabile, la répétition, l’ellipse) : une olive noire, seule, et un soupçon d’alcool blanc.

Tout est modeste, presque rien ; pourtant ça insiste.

Ingrédients (pour 1 sandwich silencieux)

Pain : 2 tranches de pain de mie blanc, grandes, sans croûte, toastées à peine (quasi ivoire)

Strate Indochine (fine) :
1 c. à café de crème de coco épaisse
Zeste très fin d’½ citron vert
1 grain de sel et un rien de poivre blanc

Strate Atlantique (fine) :
½ sardine à l’huile, écrasée à la fourchette
4–5 microlamelles d’oignon (très fines)
½ c. à café de jus de citron (pas plus)

Strate Nuit :
1 olive noire dénoyautée (type kalamata), entière
4 gouttes d’alcool blanc (vin blanc sec ou eau-de-vie douce), juste pour l’ombre

Finition

Un pétale bleu (fleur de bourrache) facultatif, clin d’œil aux yeux bleus du titre. Option discrète : 2–3 cristaux de sucre très fins sur la face coco — la moiteur de Saïgon, presque imperceptible

Préparation

Pain : toaster si peu que la couleur reste celle d’un drap tiré — on cherche la texture, pas la dorure.
Indochine : mélanger coco + zeste + sel + poivre blanc. Tartiner un voile sur la tranche du bas, juste de quoi lustrer.
Atlantique : écraser la sardine, poser en ligne au centre, parsemer de trois souffles d’oignon, humecter d’un trait de citron.

Duras – Édition Atlantique (sardine/oignon/eau chaude, austère)

Nuit : déposer l’olive exactement au centre. Verser quatre gouttes d’alcool dessus  : l’olive doit “regarder”. (Illustration du haut, mais on ne voit pas biren l’intérieur, c’est exact).

Fermer avec la seconde tranche. Presser très légèrement : on doit sentir la respiration du vide.
Repos : 3 minutes sous une petite assiette (le temps d’une phrase courte).

Manière de manger (rituel)

Ne coupe pas. Porte à la bouche, bords nets.
Première bouchée sur la zone coco/citron : chaleur blanche, souvenir moite.
Deuxième sur la sardine : sel vrai, oignon qui tranche — résistance au sens littéral.
Troisième, Nuit : l’olive arrive, l’alcool dit ce qui manque.
Ensuite, laisse les trois se mêler. Vous reconnaîtrez l’ellipse.

Note de dégustation

C’est un sandwich qui n’explique rien. Il pose. Il repose. La coco ne sucre pas : elle souligne. La sardine dit la faim. L’olive fixe le regard. On croirait qu’il n’y a presque rien ; pourtant on reste avec. Comme après une scène où il ne s’est “rien passé”.

Variantes “majeures”

Édition L’Amant : remplacez la sardine par une feuille de riz hydratée, lustrée de coco-citron ; ajoute une micro-lamelle de mangue verte. Plus chaud, plus Saïgon.

Duras – Édition L’Amant (feuille de riz coco-citron, lamelles de mangue verte)

Édition La Douleur : supprimez la coco ; pain à peine rassis ; sardine + eau chaude (une cuillerée trempée), aucune olive. Austère, droit.

Édition Moderato Cantabile : même base, mais une tomate frottée comme on frotte une bruschetta et un doigt de vin rouge sur la mie ; garder l’olive. Rythme de répétition, modérato.

Duras – Édition Moderato Cantabile (tomate frottée, “doigt de vin rouge”, olive centrale)

Accords

Vin blanc sec (très droit) ou thé au jasmin à peine infusé.
Lieu : table nue, lumière d’après-midi cassée, pas de musique.


(*) élaborée en co-écriture avec ChatGPT, que j’entraîne sur mes écrits, approches et traitement de sujets depuis janvier 2023 et en lui donnant des consignes particulièrement tordues selon le projet. Puis j’en rajoute et j’améliore pas mal, car dans cette cuisine, c’est moi le chef. Illustrations : ChatGPT. À venir : le Sandwich Jorge Luis Borges — « Le Labyrinthe au sésame noir ».


Index des « gastro-littérature » parus pour l’instant :