
[Gastro-littérature] Le Sandwich Charles Bukovski – « Tranche de défaite quotidienne”
À la suite de la découverte dans un distributeur de sandwichs portant le nom d’écrivains, j’ai décidé de développer la gastro-littérature (en sandwichs). Voici la seconde recette* : Le sandwich Charles Bukovski. Bon appétit !
Le Sandwich Charles Bukovski — “Tranche de défaite quotidienne”
Ingrédients (pour un affamé en déshérence, demi-nu, vaguement soûl)
- 2 tranches de pain de mie rassis, idéalement d’un sachet entamé la semaine précédente, légèrement carbonisées au grille-pain défectueux
- Une généreuse couche de rillettes industrielles, luisantes, grasses, grumeleuses, couleur cirrhose
- Quelques cornichons tranchés à la hâte, encore froids du frigo, acidité de l’existence en fines lamelles
- 1 tranche de fromage fondu format carré plastique, type « Kraft », « La Vache qui fume » ou toute autre marque qui sent la canicule dans un studio sans fenêtre)
- Une capsule de bière usagée, posée dessus comme cerise sur la dèche
- Poivre noir moulu (ou les miettes d’un paquet de chips éventré)
Préparation
- Ne pas préchauffer le four. Il ne fonctionne plus.
- Ouvre un tiroir. Cherche un couteau. Utilise une cuillère à soupe mal lavée.
- Tartine le pain de rillettes avec nonchalance. Que ça bave, que ça déborde. C’est pas un dîner d’ambassade.
- Pose la tranche de fromage fondu sur les rillettes, encore enveloppée de son plastique. Tu oublieras de l’enlever.
- Ajoute les cornichons comme on ajoute une remarque acide en fin de beuverie : pour dire merde, mais avec élégance.
- Fais griller à la poêle sans graisse. Si ça fume, c’est que c’est prêt. Si ça colle, c’est que ça tient.
- Referme le sandwich. Appuie avec la paume. Jure doucement.
Accompagnement
Bière tiède (bière de fin de soirée oubliée à côté d’un radiateur ou sous un lit)
Clope froide, retrouvée dans un cendrier plein d’eau de pluie. Se rallume mal, mais rappelle de bons souvenirs.
Un poème griffonné sur une serviette sale, que tu ne reliras jamais.
Note de dégustation
Ce sandwich ne se coupe pas. Il se tient d’une main tremblante ; l’autre main cherchant un briquet ou une raison de ne pas foutre le feu. C’est un sandwich de type « je mange parce que je n’ai pas bu assez », ou l’inverse.
Il se mastique sans gratitude, avec des dents douteuses, en regardant par la fenêtre une vie où il ne se passe rien, et c’est tant mieux.
(*) élaborée en co-écriture avec ChatGPT, que j’entraîne sur mes écrits, approches et traitement de sujets depuis janvier 2023 et en lui donnant des consignes particulièrement tordues selon le projet. Puis j’en rajoute et j’améliore, car dans cette cuisine, c’est moi le chef. Illustrations : ChatGPT.
À venir : le sandwich William Faulkner, « Tandis que je mâche ».
Index des « gastro-littérature » parus pour l’instant :
- [Gastro-littérature] Le Sandwich William Faulkner – « Tandis que je mâche »
- [Gastro-littérature] Le Sandwich Charles Bukovski – « Tranche de défaite quotidienne”
- [Gastro-littérature] Le Sandwich Ernest Hemingway – “Le Vieil Homme et le Steak”
- [Où étais-je le… ?] 05 juin 2023, devant un distributeur de sandwichs où soudain surgit la gastro-littérature