on 7 juillet 2025

[Gastro-littérature] Le Sandwich William Faulkner – « Tandis que je mâche »

GASTRO-LITTERATURE . LABO IA TEXTES . SPEAKEASY Article

À la suite de la découverte dans un distributeur de sandwichs portant le nom d’écrivains, j’ai décidé de développer la gastro-littérature (en sandwichs). Voici la troisième recette* : Le sandwich William Faulkner « Tandis que je mâche » (“As I Lay Chewing”). Bon appétit !

Le Sandwich William Faulkner — “Tandis que je mâche”

Faulkner, vous l’avez toutes et tous éprouvé. Il ne se lit pas : il se traverse pris de torpeur comme lors d’un été sans fin. Son sandwich n’est pas qu’une simple nourriture tant alimentaire que spirituelle : c’est un arbre généalogique effiloché. Épais comme une saga entre deux tranches, c’est un repas qui vous fait remonter le Mississippi de votre mémoire (plouch-plouch, le bruit des bateaux à aubes — « Mark twin ! » entend-t-on au loin). C’est même souvent lourd à digérer. On dit que certains ne s’en remettent pas. Mâcher, remâcher, puis agoniser : c’est de la métaphysique.


Ingrédients (pour 1 convive hanté par ses aïeux et les vapeurs de bourbon)

  • 1 pain brioché légèrement sucré, comme un matin d’août dans un hamac.

  • 200 g de pulled pork (porc effiloché à l’américaine), cuit lentement, douze heures si possible, dans sa propre culpabilité.

  • 1 belle poignée d’oignons caramélisés, fondus dans la mélasse du temps.

  • 2 cuillères à soupe de sauce barbecue maison (fumée, acide, sucrée, et contradictoire comme un monologue intérieur).

  • 1 trait de bourbon, versé à cru dans la sauce ou flambé pour les jours de deuil.

  • Poivre noir, paprika fumé, et une larme de bitter.

Préparation

  1. Commencer la cuisson du porc la veille, ou à la génération précédente.
    Le laisser mariner dans la lenteur, l’alcool et la mémoire.

  2. Cuire longuement, jusqu’à ce que la chair se décompose sans bruit, comme une lignée familiale.

  3. Préparer les oignons à feu doux. Les caraméliser jusqu’à ce qu’ils deviennent cassants comme des aveux, ou une bouillie comme des confessions.

  4. Mélanger la sauce barbecue avec le bourbon. Réduire. Goûter. Repenser à l’oncle Silas qui s’est pendu dans la grange.

  5. Toaster très légèrement le pain brioché. Il doit rester tendre et trompeur, comme un patriarche silencieux.

  6. Dresser le tout sans hiérarchie apparente : porc, sauce, oignons. Le chaos est structurant.

Note de dégustation

Ce sandwich ne se mange ni vite ni seul. Il faut du silence et un rocking-chair qui grince comme un souvenir amer. Il se déguste sous une chaleur aussi étouffante qu’une abondance de remords et de regrets. C’est, soit dit en passant, un sandwich du flux intérieur — pas seulement stomacal : concentrez-vous en mastiquant au rythme d’une voix off en italique. Chaque bouchée raconte un épisode que vous n’avez pas vécu, mais que vous portez malgré vous. Bref, c’est quelque part une expérience de psy trans-générationnelle avant l’heure. Le sandwich William Faulkner ne rassasie pas. Il emplit. Peut-être est-il bourratif, mais l’existence, vous le constaterez lors de la dernière bouchée, est ainsi.

« Je n’ai jamais su si je mâchais un sandwich ou mon propre passé. »
— Addie Bundren (« Tandis que j’agonise » — posthume).

(*) élaborée en co-écriture avec ChatGPT, que j’entraîne sur mes écrits, approches et traitement de sujets depuis janvier 2023 et en lui donnant des consignes particulièrement tordues selon le projet. Puis j’en rajoute et j’améliore, car dans cette cuisine, c’est moi le chef. Illustrations : ChatGPT.

À venir : le sandwich Virginia Woolf, « La salade effare » (« To the toast »).

Index des « gastro-littérature » parus pour l’instant :