Protéïnes
Les prophètes d’apocalypse, les collapsologues, les scientifiques de partout et en tout, le GIEC, ses collègues à la cantine et ses voisins par dessus la haie étaient unanimes : la fin des temps était proche et tout allait brusquement s’effondrer. On ne savait seulement pas comment cela adviendrait : la bourse, la dégringolade rapide et en cascade de la biodiversité, des tempêtes et tsunamis, des pannes gigantesques, des crises énergétiques, des canicules et des famines, des sécheresses, des inondations et des pluies diluviennes… De toute façon, c’était fini et c’était pour entre tout de suite, ou plutôt d’ici une heure ou deux, et 2050. Il se dit alors, comme beaucoup d’autres, qu’il était temps d’apprendre les techniques de survie et les moyens de repérer les sources alternatives de protéines. C’est après avoir couru une bonne demi-heure en vain après un des lézards de son jardin qu’il se dit qu’il aurait fallu, c’est vrai, sans doute se préparer un peu plus en amont, parce que si ça se trouvait, c’était pour tout à l’heure et il venait déjà de perdre très connement du temps.
(à Vallet, Pays De La Loire, France — 25 juin 2019)