[Gastro-littérature] Le Sandwich Yukio Mishima — “Le Festin du Sabre”

À la suite de la découverte dans un distributeur de sandwichs portant le nom d’écrivains, j’ai décidé de développer la gastro-littérature (en sandwichs). Voici la cinquième recette* : Le sandwich Yukio Mishima, “Le Festin du Sabre”. Bon appétit !


Le Sandwich Yukio Mishima — “Le Festin du Sabre”

Le sandwich Mishima est ascétique et tranchant. C’est une offrande muette à la forme et une quête d’absolu.



Ingrédients (pour un samouraï en représentation ou un esthète désespéré)

  • 2 feuilles fines de pain noir, grillées sans huile, noires comme l’encre d’une estampe nocturne.

  • 100 g de sashimi de bœuf (tranches crues ultra fines, rouge vif, tendues comme un muscle prêt au combat). On évitera le bœuf de Kobe trop tendre pour les circonstances. Les tranches doivent être découpées au sabre wakizashi (sabre court), en fumant une Onshino Tabako, les cigarettes spéciales de la maison impériale du Japon.

  • 3 tranches de radis géant mariné (daikon), pour la netteté du contraste. Qu’il soit blanc est là pour donner du sens : rappelons que la couleur blanche du drapeau représente la pureté (le cercle rouge  représente le soleil).

  • 1 œuf de caille cru (caille du Japon, Coturnix japonica), posé au centre, fragile et central comme un cœur.

  • Quelques lamelles d’algue nori en spirale intérieure.

  • Sauce soja noire, wasabi léger, quelques graines de sésame noir.

    (Optionnel : pétales de shiso violet ou une pointe de vinaigre de riz infusé au saké chaud).


Préparation

  1. Poser les tranches de pain noir, droites et parallèles, comme des haïkus géométriques.

  2. Disposer le sashimi en croix, soigneusement, comme on place des corps dans une chorégraphie mortuaire.

  3. Ajouter les tranches de daikon, très blanches, symbolisant la lumière qui tranche la nuit.

  4. Poser l’œuf de caille cru au centre. Il ne doit pas bouger. Il regarde, il interroge l’univers (La caille du Japon fréquente les habitats ouverts, prairies, cultures, steppes, clairières forestières du niveau de la mer jusqu’à 850 m aux alentours du mont Fuji et 3 200 m au Bhoutan).

  5. Saupoudrer de sésame noir, un souffle, pas un bruit. Verser quelques gouttes de sauce soja avec un pinceau de Kawajiri créé par Yoshiyuki Hata, troisième maître de l’atelier Bunshindou (artisan traditionnel des pinceaux de Kawajiri reconnu par le Ministre de l’économie et de l’industrie du Japon).


Note de dégustation

Ce sandwich ne se mange ni debout ni sans préparation intérieure. On doit s’asseoir en silence, plier les genoux, incliner la tête.
Il se coupe avec un poignard de type tantō. On peut songer en le dégustant à l’incendie du Pavillon d’Or ou à ce qu’il peut se passer après un banquet.
Chaque ingrédient dit : « Je me suis présenté avec rigueur. Seras-tu digne de me mâcher ? »

“Le corps est une armure. Le goût est une blessure. Le sandwich est un rituel avant le néant.”
Yukio Mishima, méditant sur la découpe du vivant.


(*) élaborée en co-écriture avec ChatGPT, que j’entraîne sur mes écrits, approches et traitement de sujets depuis janvier 2023 et en lui donnant des consignes particulièrement tordues selon le projet. Puis j’en rajoute et j’améliore, car dans cette cuisine, c’est moi le chef. Illustrations : ChatGPT.

À venir : Le Sandwich Marguerite Duras — “Le pain, l’alcool, l’oubli”.


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