
[Reco film] « Un simple accident », de Jafar Panahi (2025)
Actuellement au cinéma, « Un simple accident », de Jafar Panahi (Palme d’Or Cannes 2025) est un bon film (auquel curieusement je ne lui ai trouvé aucun humour contrairement à ce que la presse ne cesse de clamer) qui m’a surtout intéressé pour constater comment le réalisateur a pu construire son petit thriller avec les contraintes qui ont été les siennes (et qui forcément ont des répercussions sur la construction et la mise en scène et les lieux mêmes du récit) : à savoir qu’il a eu à tout filmer en cachette des autorités (et il s’en sort magistralement). Les acteurs, en outre, sont impeccables.
Après, deux réserves : si le film est un peu trop bavard/explicatif à la fin, c’est sans doute pour qu’il soit militant, porte un propos qu’on a pourtant deviné ou que l’on sait, afin qu’il ne soit pas qu’un simple récit d’enchainement de situations infernales et imbriquées (sans les explications assenées/rapportées/appuyées/déclamées par les personnages sur le régime iranien et ses horreurs, cela ne serait en effet qu’un simple polar). Et quant à savoir s’il méritait la Palme d’Or… Bon… Mais ne chipotons pas : il sera tout pardonné au talentueux, déterminé, increvable et irrépressible Jafar Panahi, car ce film reste un tour de force vu les conditions de sa réalisation.
Enfin, il faut le souligner, le dernier plan, est quant à lui formidable. Il résume à lui seul l’argument du film : tout dire, sans parole, sans mouvement, en plus d’une minute, immobile… Chapeau bas.
(En passant, je trouve — Coucou Blow Up d’Arte — qu’il y aurait une étude à faire sur l’usage de la figure de la mariée en robe dans le cinéma.)
Synopsis : En rejoignant de nuit, avec sa femme enceinte et sa petite fille, sa maison à la campagne, Eghbal écrase un chien. La voiture tombe en panne et Eghbal s’arrête devant un garage. Là, Vahid, un mécanicien automobile, croit reconnaître au son de la prothèse de jambe qui grince l’un de ses anciens tortionnaires lorsqu’il a été détenu par les autorités iraniennes.
Le lendemain, Vahid assomme et enlève l’homme et l’emmène dans le désert avec le projet de l’enterrer vivant. Pendant l’accomplissement de son plan, il commence à douter de la culpabilité d’Eghbal qui crie n’avoir jamais travaillé dans une prison et n’avoir perdu sa jambe que l’année précédente. Or, pendant sa détention, Vahid a toujours été interrogé les yeux bandés. Il sort Eghbal du trou, le charge dans sa camionnette et retourne à Téhéran pour prendre l’avis de Salar, un libraire. Celui-ci renvoie Vahid à Shiva qui est en train de faire les photographies de mariage pour son amie Golrokh et son fiancé, Ali. Shiva et Golrokh furent aussi emprisonnées et torturées en même temps que Vahid.
Le jeune couple et la photographe montent dans la camionnette et vont chercher Hamid, l’ex compagnon de Shiva, lui aussi victime d’Eghbal et qui en a gardé un comportement très violent. Ils retournent dans le désert. Mais les quatre anciennes victimes du militaire sont partagées sur le sort qui doit lui être réservé, d’autant plus qu’Eghdal continue farouchement à nier.