
[Gazette rimée] Nouvelle ponchonnée n°2 du 16 novembre 2025 : « Trump, courriels au noir »
C’est quoi cette rubrique ? > Voir en bas de cette page les explications complètes sur son origine en référence au poète Raoul Ponchon rédacteur au début du XXe siècle d’une « gazette rimée », et les précisions sur l’emploi des néologismes et mots-valises.
Les faits sur lesquels est basée cette « nouvelle ponchonnée » sont exposés pour plus de clarté plus bas dans la « Note de rédaction ».

Trump, courriels au noir
Du serveur aux archives, un vieux témoin s’exhume,
Des courriels réapparaissent — trouble absurdité ;
La rumeur juridème étire encor sa plume,
« Il savait pour les filles… » souffle l’actualité.
Wolff reçoit la missive en janvier deux-mille-dix-neuf,
Le nom flouté s’y cache ; on devine la meuf ;
Maxwell répond, complice, « j’y pensais », ritournelle,
Un chien qui n’aboie guère grince sous la dentelle.
Truth-Social bat le tambour noir,
« Canular ! » hurle la boutique ;
Mais l’encrier du contre-soir
Projette un doute climamétrique.
Des courriels resurgis renvoient tout au miroir,
La phrase « il savait » revient hanter le soir ;
Truth-Social s’emporte : « piège provisoire »,
Wolff et Maxwell se répondent dans la mémoire.
Dans les fils redigraffés, la faute est un mirage,
Le spin-docteur ripoline et change la cassette ;
Bitrange, l’époque mixe aveu, démenti, gage,
Notre justicielle hésite : tromperie ou trompette.
Note de rédaction
Fait traité : le 12 novembre 2025, des élus démocrates publient des e-mails attribués à Jeffrey Epstein :
– un message de 2019 à Michael Wolff (auteur d’un livre sur Trump) où Epstein écrit que Trump (qu’il décrit comme un “chien qui n’a pas encore aboyé”) « savait à propos des filles »,
– un échange 2011 avec Ghislaine Maxwell (complice d’Epstein « d’exploitation sexuelle », en prison pour 20 ans) évoquant « des heures » passées avec une victime.
– d’autres échanges qui montrent Epstein réfléchissant à une réponse à fournir à Trump avant un débat en 2015.
Trump dément et parle d’une manœuvre pour détourner l’attention ; la Maison-Blanche minimise. Des élus poussent en parallèle à la déclassification des « Epstein files » tandis qu’une rumeur de demande à Trump par Maxwell de commutation de sa peine circule.
Sources : Politico, Reuters, Washington Post, ABC, Guardian, Le Monde, communiqué des Oversight Democrats ; piste Maxwell/commutation : Forbes, Democracy Now!.
Glossaire ponchonné (version 0.2)
(les mots utilisés cette fois sont en premier et colorés)
bitrange (adj./n.) — bizarre + étrange ; qualifie un phénomène déconcertant. Ex. « Bitrange ce novembre aux effluves de mai. »
climamétrique (adj.) — climat + métrique ; lié aux mesures du climat. Ex. « Le soupir climamétrique rature les saisons. »
contre-soir (n.m., métaph.) — réplique médiatique en édition de riposte ; regard qui décadre la « une » de la veille.
juridème : germe/jus du juridique
justicielle : justice + étincelle (hésitation).
redigraffé : « rédigé + graffiti » (courriels raturés, redigérés, resservis).
Autres termes ponchonnés créés précédemment :
baroclipso (n.m.) — baroque + clip + -so ; effet de montage/éclipse dans l’actualité météo. Ex. « Baroclipso de fronts : soleil, puis voile, puis rien. »
baro-cognard (n.m.) — baromètre + cognard ; choc brutal de pression/température. Ex. « Le baro-cognard sonne au seuil des records. »
baro-tendronnette (n.f.) — baromètre + tendron ; petite tendance météo, fragile et changeante. Ex. « La baro-tendronnette incline au redoux. »
décadrilloter (v.) — décadrer + grignoter ; faire glisser les repères, petit à petit. Ex. « Le temps décadrillote à coups de tièdes miettes. »
décordonné (adj.) — record + décousu ; record battu de façon répétée. Ex. « Records décordonnés s’empilent sur l’étagère. »
défrimas (n.m. inv.) — dé- + frimas ; disparition des frimas. Ex. « Défrimas au marché : gants et bonnets soldés. »
déneigélie (n.f.) — déneigement + nostalgie ; regret de la neige absente. Ex. « Une déneigélie flotte aux lofts des vallées. »
dé-normalité (n.f.) — normalité retournée ; ce qui se prétend normal, mais ne l’est déjà plus. Ex. « La dé-normalité s’invite aux bulletins. »
douceurité (n.f.) — douceur + -ité ; qualité de ce qui se fait trop doux. Ex. « Le mois prend sa douceurité déconcertante. »
étéroblique (adj.) — été + oblique ; chaleur hors saison, décalée. Ex. « Un flux étéroblique arrondit la semaine. »
froidel (adj.) — froid + fidèle ; froid qui persiste encore un peu. Ex. « Un vent froidel survit sous la porte mal jointe. »
gazettrame (n.f.) — gazette + trame ; texture papier/journal. Ex. « Sous la gazettrame, un soleil à la craie. »
hétérosaison (n.f.) — hétéro- + saison ; mélange des repères saisonniers. Ex. « Nous marchons en hétérosaison, manches courtes. »
hibervide (adj.) — hiver + vide ; hiver sans froid ni neige. Ex. « Un hibervide étend ses trottoirs sans verglas. »
isobardage (n.m.) — isobare + bardage ; panachage de cartes météo et de façades verbales. Ex. « L’isobardage peint des courbes en guirlande. »
novembraise (adj./n.f.) — novembre + braise ; chaleur décalée de novembre. Ex. « Une novembraise allume un bois de plages. »
pluivernage (n.m.) — pluie + hivernage ; pluie tiède hors saison. Ex. « Un pluivernage rince un ciel à peine froid. »
printanovembre (n.m.) — printemps + novembre ; mélange des saisons. Ex. « Voici Printanovembre au balcon des terrasses. »
saisonoscopie (n.f.) — saison + scopie ; examen des saisons au « scanner » poétique. Ex. « Ma saisonoscopie ramasse un air de juin. »
suditaquin (adj./n.) — sud + taquin ; flux de sud qui « chatouille » l’hiver. Ex. « Le vent suditaquin remue nos capuchons. »
thermosensiblette (n.f.) — sensibilité au temps + -ette diminutive ; humeur météo-dépendante. Ex. « Notre thermosensiblette bat sa chamade. »
tiédomanie (n.f.) — manie du tiède ; complaisance générale au doux. Ex. « La tiédomanie gagne jusqu’aux cheminées. »
[C’est quoi cette rubrique ?]
J’ai décidé, en hommage et référence au poète Raoul Ponchon qui fut très admiré en son temps par même les plus grands (Apollinaire, Verlaine, Jean Richepin, d’Orgelès…), de réhabiliter le genre journalistique de fin XIXe et début XXe siècle pour lequel il fut à jamais le meilleur et qui a disparu : la gazette rimée en publiant ici une « nouvelle ponchonnée » pour l’instant de façon hebdomadaire.
Raoul Ponchon, pochetron lumineux, écrivit plus de 150 000 vers (pour ceux retrouvés — on dit que c’est 1,25 fois Victor Hugo) poétiques, satiriques, humoristiques, avec une facilité déconcertante (tout en buvant, mangeant et fumant comme quatre et fuyant toute notoriété… qu’il eut malgré tout : membre de l’Académie Goncourt, Officier de la légion d’honneur), en les émaillant de mots-valises de son cru (exemple : « bitrange » pour bizarre-étrange), de mots inconnus (à la Lewis Caroll), de néologismes ce qui fait de lui un poète hors norme situé à la croisée de très nombreux genres poétiques et littéraires, et dont des « punchlines » sont entrées dans la culture populaire (Ainsi : « Quand mon verre est vide / je le plains /Quand mon verre est plein / je le vide »). On écoutera avec bonheur deux podcasts de France Culture de 2019 ici : Raoul Ponchon (1848-1937) : Le veau réchauffé est meilleur froid.
Chaque « nouvelle ponchonnée » comprend : la nouvelle, une note de rédaction, soit l’actualité en bref dont elle est issue et un glossaire ponchonné mis à jour des mots créés et utilisés (ou non). N’ayant pas le talent et la verve (même si je me débrouille bien, oui, oui, c’est vrai, on peut le dire, merci) de Raoul Ponchon (ni le loisir de picoler des jours entiers en rimant dans les bistrots), je me fais assister par ChatGPT dûment briefé, corrigé, tancé, repris, et enfin réécrit pour chaque exercice (des vers sont testés de multiples fois) à partir d’arborescences ; ce qui prend, en fait, tout de même pas mal de temps :-). Ponchon, qui portait étonnamment peu de valeur à ses écrits aurait sans doute approuvé le principe.
(Ah oui : ne critiquez pas la méthode, car sans cet IA à cause de ce qui serait un déraisonnable ratio [temps nécessaire à la rédaction / lectorat potentiel]… de telles expériences n’existeraient pas — certes, on se passerait de tels textes, mais tout de même… cela n’existerait pas.)
Nouvelles ponchonnées déjà parues :
- [Gazette rimée] Nouvelle ponchonnée n°2 du 16 novembre 2025 : « Trump, courriels au noir »
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