
[Où étais-je le… ?] 21 mai 2016 : dans une boucherie algérienne
[Explications de ce projet mémoriel et nettoyeur numérique sous l’image]
Le 21 mai 2016 à 10h44, il y a 9 ans, j’étais dans une boucherie algérienne de l’île de Nantes. Boucherie qui, je crois, n’existe plus. Je venais chercher le mouton que j’avais commandé pour répondre à une vieille envie : celle de faire un méchoui dans mon jardin (Bilan : il n’a pas fait beau ; j’ai pelleté des braises toute la journée sans pouvoir vraiment profiter de la quarantaine d’amis venus ; heureusement un pote chirurgien s’est occupé de la découpe… — et puis après, vous faites quoi du squelette ? Je n’y avais pas pensé… Réfléchissez bien et faites-vous conseiller avant de vous lancer dans un tel projet…).
Le boucher (un homme adorable et formidable, très érudit) au sourire lumineux sur la photographie est… instituteur. Son histoire est singulière. De mémoire : après la guerre d’Algérie, la France a recruté sous contrat avantageux pour plusieurs mois des instituteurs algériens afin de pallier une carence de personnels scolaires en France (en les logeant très mal, toutefois). Et au terme du contrat, alors qu’on leur avait promis une embauche, ils ont été brusquement remerciés et sommés de retourner au bled, dans des villages où la vie était ni riche, ni plus séduisante. Bref, comme le traitement des travailleurs algériens de la SNCF, les chibanis…
Lui, a voulu alors rester : pour se faire il a acheté en urgence le premier commerce qui était disponible avec l’aide financière de compatriotes, soit cette boucherie, qu’il a alors ouverte du jour au lendemain sans aucune formation ni compétences dans le métier. Il racontait que les clients l’aidaient, le conseillaient, faisaient preuve d’une grande tolérance sur son ignorance des pièces de boucherie…
Au fil des décennies, il a gardé la boucherie et s’est formé seul, s’est pris de goût pour le métier avec philosophie au point de bénéficier de l’estime de sa clientèle et même d’une solide réputation pour une belle carrière réussie de boucher. Je crois qu’à l’époque de cette photographie il ne lui restait que quelques années avant la retraite.
Cette histoire des instituteurs algériens m’était inconnue (c’est un sujet à mon sens très intéressant : un historien ou un journaliste pour l’écrire ?). On a avec l’Algérie encore clairement un paquet de trucs historiques et coloniaux à se faire pardonner, sinon à réparer.
Afin de nettoyer les 14 529 photos et 334 vidéos (à la date du 1er mai 2025 lors de laquelle je décide de m’astreindre à ce projet) accumulées depuis 2001 (date de mes premières photos numériques), je passe en revue chaque jour la date du jour : c’est-à-dire que par exemple en tapant (2 mai) dans le moteur de recherche, tous les 2 mai lors desquels j’ai pris des photographies, apparaissent. Je peux donc virer les images inutiles (personnes et lieux totalement oubliés, oubliables ou à franchement oublier ou non identifiables, photographies sans un quelconque intérêt…), nettoyer ainsi ma photothèque (et soulager de façon infinitésimale mon bilan carbone) en m’entraînant à un exercice de mémoire.
Je publie les photographies ici à la minute près (donnée accessible dans les métadatas des images), comme un voyage instantané au travers du temps.
Index des « Où-étais-je ? » parus pour l’instant :
- [Où étais-je le… ?] 17 juillet 2024 devant un présentoir à orange (qui m’a déclenché l’écriture d’un livre)
- [Où étais-je le… ?] 14 juillet 2008 au large de Brest parmi des centaines de bateaux
- [Où étais-je le… ?] 12 juillet 2004 sous le vent en Maurienne
- [Où étais-je le… ?] 11 juillet 2016 en train de fouiner au pied d’un calvaire
- [Où étais-je le… ?] 8 juillet 2023 , dans une « ferme électrique »
- [Où étais-je le… ?] 7 juillet 2008, à Penmarc’h, devant un géant
- [Où étais-je le… ?] 4 juillet 2019, devant un mini Stonehenge à Barneville-Carteret (Cotentin)
- [Où étais-je le… ?] 3 juillet 2011, au milieu de milliards de coccinelles
- [Où étais-je le… ?] 2 juillet 2021, devant un Singe en hiver
- [Où étais-je le… ?] 1er juillet 2021, à Granville et ses marins-pécheurs alors en grève
Si les tout premiers (série commencée le 2 mai 2025) ne s’affichent pas (j’ignore pourquoi), > la rubrique complète est ici.