
[Gastro-littérature] Le Sandwich Stephen King — “It bled” (« il a saigné »)
À la suite de la découverte dans un distributeur de sandwichs portant le nom d’écrivains, j’ai décidé de développer la gastro-littérature (en sandwichs). Voici la huitième recette* : le Sandwich Stephen King — “It bled” (« Il a saigné »). Bon appétit !
Le Sandwich Stephen King — “It bled”
Avec Stephen King, le sandwich est un thriller digestif, une scène de crime à mâcher, sinon une créature inconnue : chaque bouchée fait hésiter entre la faim et la panique. On hésite en permanence à le terminer, mais on va au bout tout de même en dépit de toute raison.
Notons que ce sandwich peut connaître nombre de variantes en déclinant toujours le même thème ; l’art de Stephen King consistant en effet à utiliser sans hésiter, mais avec brio, des ingrédients plus qu’ordinaires ou communs pour les ré-enchanter à sa façon, en « cuisine maison » hantée à l’ectoplasme. On peut s’essayer aussi à des arrières goûts ou des fumets étranges, peut-être extra-terrestres ou telluriques (comme issus d’un cimetière indien) qui peuvent être obtenus en y ajoutant des ingrédients issus de bocaux opaques dont on ignore le contenu. Avec Stephen King tout est affaire d’imagination — et c’est la vôtre qui travaille le plus. Le Sandwich Stephen King doit donc beaucoup à ce qu’on pense qu’il doit être… ou ce qu’il deviendra bientôt…
Ingrédients (pour qui aime trembler en avalant)
• 2 tranches de pain de campagne brun, légèrement calcinées, comme sorties d’une cuisine abandonnée depuis 30 ans.
• 150 g de viande rouge très saignante, servie tiède, presque vivante.
• Un filet de sauce barbecue pimentée, rouge vif comme un nez de clown dément.
• Quelques lamelles de fromage fondu, qui suintent et s’étirent comme une toile de monstre invisible.
• Rondelles de cornichons aigres, mais un peu trop aigres, rappelant une vieille cave humide.
• 1 pincée de poudre de paprika noir, plutôt périmé, à l’odeur et aux goûts dérangeants.
Optionnel : quelques gouttes de ketchup éclaboussées façon scène de meurtre.
Préparation
N.B. : L’ambiance est importante. L’idéal est de le préparer dans une cuisine dévastée. Des ustensiles maculés de taches effrayantes jonchent le sol. Lorsqu’on marche dessus, ils crissent et manquent de vous blesser. Des odeurs curieuses rôdent.
1 – Toaster le pain un peu trop fort. Laisser les bords noircir comme une maison brûlée.
2 – Cuire vite la viande : l’intérieur doit rester sanglant, comme un cœur qui s’obstine à palpiter. Appuyer sur la viande pour faire jaillir du sang et essayez d’asperger les alentours en riant sardoniquement comme un esprit habité.
3 – Monter le sandwich sans soin, en désordre, avec rage — comme si vous étiez un cuisinier maniaque, possédé ou incohérent (photographie donc non contractuelle).
4 – Laisser la sauce couler sur les bords. Ça doit ressembler à une tâche sur un drap d’hôtel hanté, à des gouttes qui tombent d »un plafond.
5 – Déposer sur une assiette ébréchée inquiétante, sinon brisée et aux angles dangereux.
Servir avec un verre d’eau trouble, où flotte quelque chose qu’on préfère ne pas nommer.
Note de dégustation
Ce sandwich se mange dans un motel vide, au milieu de la nuit, sous une lampe qui clignote. Chaque bouchée doit vous faire douter : ce goût de fer, est-ce la viande ou votre propre sang ? Il se mâche vite, car vous avez l’impression qu’il se passe quelque chose derrière vous.
“Je l’ai dévoré, mais j’ai eu l’impression qu’il riait, et qu’il y avait comme des dents dans le pain.”
— Stephen King, note retrouvée dans une cabane du Maine.
(*) élaborée en co-écriture avec ChatGPT, que j’entraîne sur mes écrits, approches et traitement de sujets depuis janvier 2023 et en lui donnant des consignes particulièrement tordues selon le projet. Puis j’en rajoute et j’améliore, car dans cette cuisine, c’est moi le chef. Illustrations : ChatGPT.
À venir : le sandwich Emily Brontë — « L’âme du vent ».
Index des « gastro-littérature » parus pour l’instant :
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- [Gastro-littérature] Le Sandwich Barbara Cartland — “Passion et pétales”
- [Gastro-littérature] Le Sandwich Marguerite Duras — “Le pain, l’alcool, l’oubli”
- [Gastro-littérature] Le Sandwich Yukio Mishima — “Le Festin du Sabre”
- [Gastro-littérature] Le Sandwich Virginia Woolf – « To the toast »
- [Gastro-littérature] Le Sandwich William Faulkner – « Tandis que je mâche »
- [Gastro-littérature] Le Sandwich Charles Bukovski – « Tranche de défaite quotidienne”
- [Gastro-littérature] Le Sandwich Ernest Hemingway – “Le Vieil Homme et le Steak”
- [Où étais-je le… ?] 05 juin 2023, devant un distributeur de sandwichs où soudain surgit la gastro-littérature