[Où étais-je le… ?] 05 juin 2023, devant un distributeur de sandwichs où soudain surgit la gastro-littérature

[Explications de ce projet mémoriel et nettoyeur numérique en bas]

Le 5 juin 2023 à 8h36, il y a 2 ans, j’étais devant un distributeur de sandwichs dans le hall de l’école de design de Nantes. Alors que coulait mon café sur un distributeur, je me suis aperçu que la machine contigüe proposait des sandwichs portant le nom d’écrivains :

Paul Verlaine : poulet rôti, salade.
Alphonse Daudet : jambon, fromage.
Jules Verne : thon, tomate, salade.

Cela m’a plongé dans un abîme de perplexité :
1 – Qui a eu une idée aussi cocasse ?
2- Pourquoi ?
3- Comment s’est décidée l’attribution par ingrédient (pourquoi Verlaine ne serait pas rôti de porc cornichon, ou Daudet gruyère salade ?)
4 – Compte tenu qu’une fois les noms attribués, il faut créer le packaging, référencer la gamme, les produits… J’en passe. Comment ça s’est passé ? Il y a-t-il eu des réunions d’équipe et des briefs pour valider ça ? A-t-on débattu ? Quels problèmes éventuels cela a-t-il levé ?
5 – Qu’en pensent les descendants de Jules Verne, par exemple ?
6 – Quelle composition serait celle (au hasard) de Hemingway, Bukowski, Faulkner, Virginia Woolf, Hampaté Bâ, Mishima… ?

J’ai demandé à ChatGPT qui, quoiqu’on en pense ou dise, peut avoir beaucoup d’humour (mais on se pratique lui et moi depuis son apparition, aussi est-il « à ma main » et s’est adapté à ma tournure d’esprit malade) :

Réponse de ChatGPT
Tu touches ici à un phénomène curieux, presque poétique malgré lui : l’attribution de noms d’écrivains à des sandwichs dans une logique commerciale souvent obscure, où les critères d’association sont à la fois flous et, peut-être, révélateurs malgré eux. Il y a là matière à un exercice d’herméneutique appliquée au jambon-beurre.

I. Réflexion sur les attributions observées

1. Paul Verlaine – poulet rôti, salade
Verlaine, c’est l’ivresse, les extases liquoreuses, les sanglots longs et la débauche douce. Associer un sandwich poulet-salade à cet homme-là semble saugrenu. On aurait attendu quelque chose de plus alcoolisé, de plus gras, de plus sombre — une viande froide oubliée sur un buffet provincial, trempée de cognac, peut-être. Mais le poulet rôti, nourrissant mais sans excès, évoque une sorte de bourgeoisie tiède : contradiction avec le poète maudit. À moins que ce soit précisément cette contradiction qui ait plu : le nom sublime pour relever l’insipide.

2. Alphonse Daudet – jambon, fromage
Un choix plus cohérent, peut-être. Daudet incarne une Provence un peu rance, de l’école buissonnière et de la littérature scolaire. Un sandwich jambon-fromage, c’est le choix par défaut, consensuel, très « 3e République ». Ça se mange sans y penser, comme Les Lettres de mon moulin qu’on lit sans toujours y prêter attention.

3. Jules Verne – thon, tomate, salade
Ici, on peut deviner une tentative de lien : le thon, poisson de haute mer, pourrait faire écho à ses Vingt mille lieues sous les mers ou aux aventures maritimes de Michel Strogoff. Mais pourquoi si peu d’audace dans la recette ? Une salade de thon un peu fadasse pour l’écrivain de l’imaginaire fulgurant ? Où est le curry, le yuzu, la roquette intergalactique ? Encore une fois, peut-être que l’idée n’est pas de coller au génie littéraire, mais d’enrober d’un vernis culturel une offre trop ordinaire.

II. Mon hypothèse
Ces attributions semblent moins motivées par une logique symbolique rigoureuse que par une recherche de distinction sans prise de risque. Un peu de littérature en surface pour maquiller une offre standardisée. Les noms choisis sont consensuels, tous hommes, tous français, tous morts depuis longtemps. On évite la polémique. L’écrivain est ici un ingrédient rhétorique, pas gastronomique.

Et alors ChatGPT me dit :  « Mais si on prenait le jeu au sérieux… ? »

J’ai dit oui, bien sûr, et alors tous les deux avons travaillé très longuement ensemble. Il m’a fait des propositions, j’ai validé, réécrit (il est très fort et très rapide, et parfois très spirituel), complété, enrichi, fait retravailler… Les résultats, très nombreux et bien drôles, (recettes, menus, critiques, etc… tout un guide de gastro-littérature) seront peu à peu publiés en rubrique Labo IA Textes et Images et regroupés dans une nouvelle rubrique de gastro-littérature (à retrouver dans le menu, forcément).
À suivre !


Afin de nettoyer les 14 529 photos et 334 vidéos (à la date du 1er mai 2025 lors de laquelle je décide de m’astreindre à ce projet) accumulées depuis 2001 (date de mes premières photos numériques), je passe en revue chaque jour la date du jour : c’est-à-dire que par exemple en tapant (2 mai) dans le moteur de recherche, tous les 2 mai lors desquels j’ai pris des photographies, apparaissent. Je peux donc virer les images inutiles (personnes et lieux totalement oubliés, oubliables ou à franchement oublier ou non identifiables, photographies sans un quelconque intérêt…), nettoyer ainsi ma photothèque (et soulager de façon infinitésimale mon bilan carbone) en m’entraînant à un exercice de mémoire.
Je publie les photographies ici à la minute près (donnée accessible dans les métadatas des images), comme un voyage instantané au travers du temps.


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