[Où étais-je le… ?] 11 octobre 2014, à Nantes, devant un monstreux composteur en acier

[Explications de ce projet mémoriel et nettoyeur numérique en bas]

Le 11 octobre 2014 à 15h52, il y a 9 ans, j’étais à Nantes devant un monstrueux composteur en acier à l’occasion, de son inauguration par la maire Johanna Roland dans un quartier populaire. J’étais en reportage pour un magazine en ligne aujourd’hui disparu (j’ai encore pléthore d’images de l’inauguration, des discours…, si ça vous intéresse, écrivez-moi).
La chose d’un poids dingue, installée chèrement aux frais et avec les personnels de la municipalité, avait été fabriquée par des gens en atelier d’insertion (si je me souviens bien) avec du métal de récup’, mais avait coûté beaucoup de milliers d’euros tout de même. Un système complexe à l’intérieur de casiers qui montaient et descendaient, retournait aussi le compost, l’humidifiait… Il ne s’ouvrait en outre qu’à certaines heures avec un badge (les habitants devant descendre leur seau le samedi matin à heures fixes — une occasion de se rencontrer et de faire du lien social, d’après les discours bienveillants et concernés).
Je trouvai ce techno-solutionnisme tellement absurde (on pouvait mettre du pognon ailleurs, être moins écolo-démago, financer et monter plutôt des actions sociales bien plus pertinentes) que j’avais accompagné mon reportage photographique d’un article chipotant avec les chiffres que j’étais parvenu à trouver les coûts financiers et carbone de la machine, m’étonnant qu’on installe une horreur pareille dans un quartier où les gens vivent dans de petits appartements, et alors qu’à quelques mètres on aurait pu placer dans les jardins partagés présents des composteurs en bois classico-classiques tout aussi lieu de papotages à horaires non réglementés. Et pourtant l’écologie, l’insertion, le lien social, le compost et le papotage sont des sujets qui me tiennent à cœur. Les designers écolo éthiques et d’économie circulaire n’apprécièrent pas mon texte et me le firent savoir.
Je viens de voir sur leur site qu’ils n’ont plus l’air très actifs, loin s’en faut — c’était gavé de subventions qui ont disparu (je ne m’en réjouis pas pour autant ; c’est très bien les subventions ; c’est ce qu’on en fait le problème).
Je ne suis pas retourné depuis voir si le monstre est toujours sur place et en fonctionnement ou si c’est ambiance post-apo — genre le robot rouillé, désarticulé, graffité et criblé de balles : le quartier est depuis connu pour ses échanges de coups de feu, ses points de deal, ses descentes de centaines de CRS sous les regards de la presse.
Je persiste donc 9 ans plus tard : ce n’était pas le meilleur besoin pour le quartier.


Afin de nettoyer les 14 529 photos et 334 vidéos (à la date du 1er mai 2025 lors de laquelle je décide de m’astreindre à ce projet) accumulées depuis 2001 (date de mes premières photos numériques), je passe en revue chaque jour la date du jour : c’est-à-dire que par exemple en tapant (2 mai) dans le moteur de recherche de mon logiciel de stockage de photographies, apparaissent tous les 2 mai lors desquels j’ai pris des photographies. Je peux donc virer les images inutiles (personnes et lieux totalement oubliés, oubliables ou à franchement oublier ou non identifiables, photographies sans un quelconque intérêt…), nettoyer ainsi ma photothèque (et soulager de façon infinitésimale mon bilan carbone) en m’entraînant à un exercice de mémoire.
Je publie les photographies ici à la minute près (donnée accessible dans les métadatas des images), comme un voyage instantané au travers du temps.


Index des « Où-étais-je ? » parus pour l’instant :